
Rythme cardiaque et fatigue post commotion cérébrale
Dans la littérature actuelle, il y a un intérêt porté sur la capacité du corps humain à passer des fonctions cardiovasculaires sympathiques à celles parasympathiques. On voit également que les études s'intéressent au rythme cardiaque, au métabolisme, à la régulation de température et à la manière dont ces processus agissent sur le temps de réhabilitation après une commotion cérébrale.
Les auteurs de cette étude ont émis l’hypothèse que les individus ayant eu une commotion montreraient une diminution de la capacité à avoir une régulation autonome ainsi qu'une augmentation du rythme cardiaque et de la perception d’épuisement.
Une étude prospective et contrôlée a été menée afin d'analyser la réponse autonome du corps humain après une commotion récente (le temps moyen post traumatisme était de 5 jours) en utilisant le test de provocation sur tapis roulant (Buffalo).
L’étude a inclus 40 participants ayant souffert d’une commotion cérébrale dans les 18 derniers mois. Les participants étaient exclus de l’étude si il souffraient de quelconques limitations cardiaques ou orthopédiques susceptibles d'avoir un impact sur leurs performances. L’étude a regroupé à la fois des hommes et des femmes dont l’âge variait entre 13 et 18 ans.
Pour les participants qui ont été soumis au test de provocation sur tapis roulant (Buffalo), les auteurs ont décrit le test comme ceci:
« Le test de provocation sur tapis roulant (Buffalo) est un test de tolérance à l’effort qui consiste en un effort progressif sur tapis roulant jusqu’à ce que le participant atteigne le sentiment d’épuisement maximal ou l’exacerbation des symptômes (i.e., démonstration d’une intolérance à l’effort) (...) Pendant ce test, l’intensité de l’exercice est augmentée (via le tapis roulant) chaque minute jusqu’à la fin du test. Après chaque minute, les participants indiquent leur perception de l’effort sur une échelle de 6-20 (échelle de Borg). Le rythme cardiaque moyen de chaque minute est calculé en récoltant les données via un moniteur cardiaque Polar (Polar Electro, model FT1). Le rythme cardiaque au repos et au début de l’exercice (temps 0) sont enregistrés pour comparer le rythme cardiaque avant et au début de la fatigue. Les participants répètent le protocole sur tapis roulant lorsqu’ils indiquent être asymptomatiques et ils sont indépendamment évalués en aveugle par un médecin comme étant rétabli de leur commotion cérébrale. »
Pour le test, un groupe de sujets sains a également servi de contrôle afin de comparer la réponse du rythme cardiaque ainsi que le niveau d’épuisement ressenti à chaque niveau du test.
Les auteurs ont découvert que le rythme cardiaque des participants ayant été sévèrement touchés par une commotion cérébrale ne variait pas beaucoup entre le stade symptomatique aigu à les stades ultérieurs de rétablissement. Cependant, le niveau d’épuisement perçu par les individus souffrant d’une commotion cérébrale était nettement plus élevé lors du stade symptomatique comparé au stade de rétablissement.
Alors qu'une augmentation du rythme cardiaque et du niveau de fatigue peuvent être des réponses attendues et causées par la progression de l’intensité de l’exercice (que l'on soit ou non victime d'une commotion cérébrale), cette étude met en évidence le fait que les individus souffrant d'une commotion perçoivent l’effort comme étant bien plus difficile. Toutefois, les participants n’ont pas eu d’augmentation significative de la réponse cardio-vasculaire. Sur base de ces découvertes, les scientifiques ont déduit que le manque de relation linéaire entre les réponses cardiovasculaires et le sentiment de fatigue suggère une diminution de la capacité de passer du contrôle parasympathique au contrôle sympathique du rythme cardiaque au commencement de l’effort.
Bien que cet article clarifie et quantifie l’état actuel d’un outil de rééducation dans le cadre des commotions cérébrales, il se peut qu'il n’explique pas entièrement l’impact d’une commotion sur le système autonome. De plus, depuis la publication de l’article, plusieurs autres études publiées ont analysé la période pendant laquelle le test de Buffalo peut être réalisé sans avoir un impact sur le rétablissement des patients. Certains de ces articles suggèrent que le test doit être réalisé lorsque le patient est quasi ou voire complètement asymptomatique.
Des mesures de précaution devraient être prises lorsqu’on soumet un individu au test de Buffalo. Cependant, ce dernier peut fournir des informations utiles pour mettre en évidence des améliorations et des progrès dans la charge de travail supportée et dans l’entraînement d'un patient, particulièrement dans le cadre de la rééducation visant le retour à l’activité physique.
> De: Hinds et al., J Neurol Neurophysiol 7 (2018-01-16 06:06:52) . Tous droits réservés à: The Author(s). Cliquez ici pour accéder au résumé Pubmed. Traduit par Romain Lahaut.
