
Imagerie pour la lombalgie en soins primaires et d’urgence
Un quart des patients lombalgiques ayant recours à des soins primaires et un tiers de ceux ayant recours à des soins d’urgence ont subi un examen d’imagerie.
Au cours de la période d’étude (1995 à 2015), il n’y a pas eu de changement majeur au niveau de la proportion de patients ayant subi un examen d’imagerie simple. Toutefois, la proportion de patients ayant subi un examen d’imagerie complexe a augmenté d’environ 50% (de 7.4 à 11.4%), malgré l’augmentation des preuves et des sources informant de la surutilisation et du trop de confiance accordé à l'imagerie dans le cadre de la lombalgie.
Tels sont les résultats d’un groupe de recherche australien ayant conduit une large revue systématique avec méta-analyse sur ce sujet.
Malgré la prévalence élevée et le fardeau que représente la lombalgie, on sait que la plupart des épisodes n’ont pas de cause anatomopathologique identifiable. De plus, l’imagerie en cas de douleur lombaire non-radiculaire est seulement recommandée lorsque qu’une maladie spécifique est suspectée. Les taux d’imagerie varient entre 20-25% à travers les pays. Toutefois, ces estimations ne sont pas basées sur des revues systématiques d'études.
Quarante-cinq études observationnelles et essais contrôlés réalisés entre 1995 et 2015 ont été inclus dans la présente revue systématique avec méta-analyse. La qualité des études a été évaluée avec le système GRADE. La qualité des preuves variait entre modérée et élevée.
Les près de 20 millions de rendez-vous relevés dans les études incluses ont conduit à plus de 4.3 millions de procédures d’imagerie. Le taux d’imagerie pour la lombalgie reste élevé et a même augmenté dans le cas de l’imagerie complexe.
Il est important de réduire ce taux non seulement pour utiliser les ressources médicales de façon plus efficace mais aussi pour promouvoir des soins de meilleure qualité car une imagerie excessive peut augmenter l’exposition aux rayonnements, conduire à un sur-diagnostic et à attribuer à tort la cause de la lombalgie aux résultats de l’imagerie.
Ainsi, des interventions plus efficaces pour diminuer le recours à l'imagerie dans le cadre de la lombalgie doivent être mises en place.
O pinion d'expert
Il est préoccupant de constater que le taux d’imagerie face à la lombalgie dans les soins primaires et d’urgence demeure élevé. Mais il est encore plus inquiétant de noter l’augmentation du recours à l’imagerie complexe observée sur une période de 21 ans.
Cette revue a inclus un nombre considérable de rendez-vous médicaux sur une longue période et fournit ainsi des preuves solides à ce sujet. Ce taux constamment élevé peut être dû à plusieurs facteurs. D’une part, les cliniciens peuvent être résistants au changement et peuvent utiliser l’imagerie comme un moyen de se sentir plus en sécurité. La préférence des patients peut également influencer ce taux. Enfin, les assureurs peuvent exiger des résultats d’imagerie afin de justifier la poursuite du traitement.
Cependant, tous ces facteurs sont basés sur l’hypothèse erronée d’une relation solide entre les résultats de l’imagerie, la cause de la lombalgie et les décisions concernant le traitement. Comme le soulignent les auteurs, des interventions plus efficaces pour réduire ce taux demeurent nécessaires.
> De: Downie et al., Br J Sports Med 54 (2019) 642-651 (Publication sous format électronique). Tous droits réservés à: BMJ Publishing Group Ltd. Cliquez ici pour accéder au résumé Pubmed. Traduit par Marie-Pier Chasse.
