
Effet analgésique de l'exercice chez les lombalgiques
- Une étape fondamentale pour déterminer qui peut bénéficier d'une thérapie à base d'exercices pour les lombaires
- Des tests sensoriels quantitatifs pour étudier les effets analgésiques
- Augmentation du seuil de douleur à la pression chez les personnes en bonne santé mais pas chez les patients souffrant de maux de dos
La thérapie basée sur des exercices ciblant les lombaires réduit la sensibilité à la douleur chez les individus en bonne santé : après un exercice de 7 minutes consistant à soulever plusieurs fois d'affilée une boîte de 5 kg, les participants en bonne santé ont pu supporter une pression plus importante sur la zone lombaire avant de considérer cela comme douloureux. Cela ne semble pas être le cas des personnes atteintes de lombalgies chroniques (LC). Après ce même exercice, elles ont ressenti plus vite la douleur due à la pression exercée. Cette conclusion est issue d’une étude observationnelle menée par un groupe de chercheurs britanniques sur 18 personnes en bonne santé et 21 personnes atteintes de douleurs lombaires chroniques.
Sous-groupes
Même si d’après les auteurs d'autres recherches sont nécessaires, ces résultats peuvent constituer une première étape dans la distinction de sous-groupes d'individus qui peuvent bénéficier ou pas d’une thérapie à base d’exercices pour les lombaires. Les chercheurs pensent que les individus ne ressentant aucun effet analgésique après une courte sollicitation des muscles lombaires peuvent se passer d’une telle thérapie et que le praticien de santé doit opter pour d'autres modalités thérapeutiques.
Tests sensoriels
Les chercheurs ont utilisé des tests sensoriels quantitatifs afin d’étudier les effets analgésiques consécutifs aux 7 minutes d’exercice (tâche de soulèvement). Avant et après l'exercice, ils ont déterminé le seuil de douleur suite à l'application d'une pression à 16 endroits différents du bas du dos (y compris sur plusieurs zones des muscles érecteurs du rachis). Ils ont ainsi étudié dans quelle mesure le fait de placer 5 stimuli chauds et froids sur le bas du dos et sur la main était douloureux.
Seuil de douleur à la pression
Chez 8 participants et 10 participantes du groupe asymptomatique, le seuil de tolérance à la douleur suite à une pression sur la zone lombaire a augmenté de 10% après les 7 minutes d’exercice consistant à déplacer une boîte de 5kg vers le haut, vers le bas ou latéralement. Et ce, principalement lorsque le point de pression a été effectué sur les muscles érecteurs du rachis. La tolérance à la douleur lors des pressions latérales sur la zone lombaire n'ayant pas changé de manière significative. Les auteurs pensent donc que l'effet analgésique peut être différent selon le groupe musculaire ciblé. Dans le groupe symptomatique, 9 hommes et 12 femmes ont ressenti un abaissement de leur seuil de douleur suite à l’exercice de 7 minutes. En moyenne, leur seuil de tolérance à la douleur sous l’effet d’une pression a diminué d'un peu plus de 2%.
Stimuli thermiques
Les chercheurs n'ont noté aucune différence entre les deux groupes lors de l'application de stimuli chauds ou froids sur la zone lombaire et sur la main. Avant et après l’exercice, les participants des deux groupes ont été soumis aux mêmes tests.
Expériences pendant le soulèvement
Les participants en bonne santé ont fait état d’un score moyen de douleur de 0.8/10 pendant l’effort tandis que le groupe atteint de lombalgies a fait état d’un score moyen de douleur de 4.8/10. L'échelle de Borg (qui est une échelle quantitative comprise entre 6 et 20 et que les participants ont utilisée pour déterminer l'intensité de l'exercice) a affiché un score moyen de 11 pour les participants en bonne santé et de 13 pour les participants atteints de lombalgies chroniques.
Participants
Les auteurs ont recruté les participants à cette étude auprès du personnel universitaire et dans la population étudiante. L’âge moyen des participants en bonne santé était de 28 ans et celui des patients atteints de lombalgies était de 31.7 ans. Le groupe symptomatique a présenté des intensités de douleur relativement faibles et des incapacités mineures. L'indice de masse corporelle moyen était de 23,3 kg/m² pour les sujets en bonne santé et de 25,4 kg/m² pour ceux atteints de lombalgies. Les résultats ainsi obtenus dans cette étude ne peuvent pas être généralisés aux patients atteints de lombalgies en général ou à ceux atteints de lombalgies qui ont par ailleurs, un travail physiquement exigeant. Les auteurs recommandent donc de parfaire cette étude à partir d’un plus grand nombre de participants.
Vous trouverez plus d'informations sur l'échelle de Borg ici.
O pinion d'expert
Il a déjà été démontré que l'effet analgésique normal après la répétition de mouvements ciblant certains groupes musculaires ne s'applique pas aux personnes atteintes de coup du lapin, d’arthrose, de pathologies du genou et de l’épaule. L'étude actuelle indique que « l'effet d'hypoalgésie induit par l'exercice» ne s’applique pas non plus aux personnes atteintes de lombalgies.I
Ce phénomène semble déjà présent chez les jeunes participants de l’étude atteints de lombalgies qui ont effectué (selon l'échelle de Borg) un exercice répétitif modérément intense consistant à soulever une charge. Cela éclaire différemment les résultats décevants obtenus suite à des exercices de renforcement avec des patients atteints de lombalgies et explique également l'augmentation des symptômes généralement rapportés par les personnes atteintes de lombalgies amenées à gérer des charges dans leur activité professionnelle.
Les auteurs affirment que d'autres recherches sont nécessaires afin d’être en mesure d'établir des sous-groupes pour lesquels le fait de soulever est ou n'est pas indiqué. Dans l’attente, une bonne pratique consisterait à ne demander qu’un nombre limité de ce type d’exercices aux patients atteints de lombalgies et ce dans le but d’évaluer leur réponse à ce stimulus. Si un patient spécifique peut bénéficier d'un tel programme d'entraînement, qu’il le suive et si tel n’est pas le cas, il conviendra de créer un programme d'exercices ciblant la zone lombaire d'une autre façon. Une attention particulière doit être portée chez les patients qui sont amenés à gérer des charges dans leur activité professionnelle. Il serait souhaitable pour eux d’être affectés à d’autres tâches en attendant que leur dos aille mieux.
> De: Kuithan, Pain Pract 19 (2019) 740-750. Tous droits réservés à: World Institute of Pain. Cliquez ici pour accéder au résumé Pubmed. Traduit par {translator}.
