
Douleurs musculaires post-entraînement ou rhabdomyolyse?
En raison du développement des nouvelles routines d'exercices d'intensité élevée, les hôpitaux ont connu une augmentation du nombre de cas de rhabdomyolyse. La rhabdomyolyse induite par l'exercice est la dégradation du muscle squelettique, entraînant la libération de créatine kinase (CK) et de myoglobine dans le sang susceptibles d'endommager les reins.
Le diagnostic de rhabdomyolyse est généralement établi sur base d'un historique complet, en recherchant des pics d'activité, en vérifiant si les niveaux de CK sont 5 à 10 fois supérieurs au niveau de base et en utilisant un test d'urine pour fournir le diagnostic définitif. La douleur est considérée comme un élément clé du tableau clinique. Elle est souvent décrite comme une douleur localisée d'un groupe musculaire bien plus intense que ce à quoi on pourrait s'attendre dans le cadre d'une blessure résultant d'une surutilisation.
Vingt-quatre sujets sains (14 femmes et 10 hommes âgés de 24 à 27 ans) ont été recrutés dans une université norvégienne pour participer à l'étude. Les taux sanguins ont été enregistrés un jour avant et quatre jours après la composante exercice, de sorte que les participants agissaient comme leurs propres témoins. Avant l'étude, les participants devaient s'abstenir de tout exercice durant une semaine et remplir un questionnaire sur la fréquence de leurs entraînements en force.
Pour l’étude, les participants ont effectué un entraînement de haute intensité de type «Tabata», d’une durée approximative de 50 minutes. Le programme débutait par un échauffement global puis se poursuivait par des exercices de haute intensité visant les principaux groupes musculaires (8 exercices différents), avec de courtes pauses (10 secondes de repos entre chaque période d'exercice de 20 secondes). Chaque exercice était répété 6 fois avant une pause d'une minute et un changement d'exercice.
Tous les participants présentaient une élévation du taux de CK, 14 des 24 participants ayant des niveaux correspondant à 5 fois la limite normale (> 5000 UI / l). Parmi ceux-ci, 4 participants ont eu des analyses d'urines positives au sang 4 jours après le test, et 3 d'entre eux ont présenté des douleurs musculaires. Ceux qui pratiquaient la musculation régulière avaient une élévation plus faible du niveau de CK.
Cette étude a révélé qu'une élévation des taux de CK est une réaction normale à des séances d'entraînement de haute intensité.
Néanmoins, les auteurs soulignent qu'il est probable que la rhabdomyolyse ne soit pas traitée. Comme aucun signe ne peut diagnostiquer de manière définitive la rhabdomyolyse, il est important que les cliniciens soient au courant des signes cliniques possibles, à savoir :
- La pratique d'un exercice intense au-delà de la routine habituelle
- Des douleurs musculaires
- Des modifications du contenu et/ou de la couleur de l'urine.
Si l'un de ces signes est présent, un test sanguin pour un diagnostic plus poussé est indiqué.
O pinion d'expert Jessica Povall
Cette étude présente plusieurs limites évidentes, telles que la taille de l'échantillon et les sujets agissant comme leurs propres témoins contrôles. Cependant, elle soulève un point important concernant les symptômes à prendre en compte pour traiter de manière adéquate les éventuels cas de rhabdomyolisis.
Les auteurs fournissent également quelques conseils utiles aux personnes à risque afin d'éviter au maximum la rhabdomyolyse, comme par exemple le maintien du niveau d'hydratation, la prudence nécessaire pour ne pas sursolliciter et la progression par étape dans les nouvelles routines d'exercices.
> De: Pedersen et al., Tidsskr Nor Laegeforen 139 (2019) (Publication sous format électronique). Tous droits réservés à: Tidsskrift for Den norske legeforening. Cliquez ici pour accéder au résumé Pubmed. Traduit par Gregory Guyot.